La Mourabaha en Islam : Halal ou Haram ?

Introduction

La mourabaha est un type de contrat de vente très utilisé dans la finance islamique moderne. Cependant, sa légitimité du point de vue de la charia fait l'objet de débats. Cet article examine en détail la question : la mourabaha est-elle halal (permise) ou haram (interdite) en Islam ?

Qu'est-ce que la mourabaha ?

La mourabaha est une forme de vente à crédit où le vendeur révèle explicitement le coût initial de la marchandise et ajoute une marge bénéficiaire convenue. Cette transparence est ce qui la distingue d'autres formes de crédit.

Arguments en faveur de la mourabaha

1. Alternative aux prêts à intérêts

Les partisans affirment que la mourabaha offre une alternative conforme à la charia aux prêts à intérêts conventionnels, car elle implique un échange réel de biens plutôt qu'un simple prêt d'argent.

2. Transparence

La divulgation complète des coûts et des bénéfices est un aspect central de la mourabaha, ce qui la rend plus éthique que les prêts conventionnels où les coûts réels peuvent être cachés.

3. Conformité avec les principes islamiques

Ses défenseurs soutiennent que la mourabaha respecte les principes islamiques de partage des risques et d'interdiction de l'usure (riba).

Arguments contre la mourabaha

1. Similitude avec les prêts conventionnels

Les critiques soutiennent que dans la pratique, la mourabaha ne diffère pas substantiellement des prêts conventionnels et peut être utilisée comme un moyen de contourner l'interdiction de l'usure.

2. Risque de non-conformité à la charia

Il existe un risque que la mourabaha soit mal appliquée et devienne une forme déguisée d'intérêt, ce qui la rendrait haram.

Perspective coranique

Le Coran interdit clairement l'usure (riba) :

الَّذِينَ يَأْكُلُونَ الرِّبَا لَا يَقُومُونَ إِلَّا كَمَا يَقُومُ الَّذِي يَتَخَبَّطُهُ الشَّيْطَانُ مِنَ الْمَسِّ ۚ ذَٰلِكَ بِأَنَّهُمْ قَالُوا إِنَّمَا الْبَيْعُ مِثْلُ الرِّبَا ۗ وَأَحَلَّ اللَّهُ الْبَيْعَ وَحَرَّمَ الرِّبَا

"Ceux qui mangent [pratiquent] de l'intérêt usuraire ne se tiennent (au jour du Jugement dernier) que comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé. Cela, parce qu'ils disent : 'Le commerce est tout à fait comme l'intérêt'. Alors qu'Allah a rendu licite le commerce, et illicite l'intérêt."

(Sourate Al-Baqarah, verset 275)

La question centrale est donc de savoir si la mourabaha peut être considérée comme une forme de commerce légitime ou si elle s'apparente à l'usure.

Conclusion

Après examen des arguments et des sources islamiques, il apparaît que la mourabaha peut être considérée comme halal si elle est appliquée strictement selon les principes de la charia. Cependant, sa mise en œuvre doit être soigneusement surveillée pour éviter qu'elle ne devienne un moyen détourné de pratiquer l'usure.

Pour être halal, une transaction de mourabaha doit respecter les conditions suivantes :

  • Le vendeur doit avoir la possession légale du bien avant de le revendre
  • Il doit y avoir un échange réel de biens, pas simplement un prêt d'argent déguisé
  • Les coûts et la marge bénéficiaire doivent être clairement divulgués
  • Le contrat ne doit pas contenir d'incertitude ou d'ambiguïté

Si ces conditions sont respectées, la mourabaha peut être considérée comme une alternative valable aux prêts à intérêts conventionnels. Cependant, les institutions financières islamiques doivent rester vigilantes pour s'assurer que la pratique de la mourabaha reste fidèle à l'esprit de la finance islamique et ne devient pas simplement un moyen de contourner l'interdiction de l'usure.

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